L’ingénieur IT et le BIM : l’avenir en commun

École Hexagone
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L’essor que rencontre aujourd’hui le BIM (Building Information Modeling) ouvre la voie à la création de nouveaux métiers spécialisés dans la maîtrise de ce nouveau processus intelligent. Améliorant la qualité et l’efficacité des interventions, ouvrant de nouvelles perspectives de réalisation, l’utilisation du BIM constitue une véritable révolution dans le secteur du bâtiment : le solide appui qu’il offre aux professionnels dans la conduite des projets est redoublé par sa formidable capacité à faire émerger de nouvelles solutions face à l’urgence climatique.

Alors que l’utilisation du BIM est en passe de se démocratiser, les ingénieurs IT du monde entier ont un rôle indispensable à jouer dans l’exploitation de cette nouvelle technologie. Dans quelle mesure l’expertise de l’ingénieur IT est-elle impliquée dans le fonctionnement et le perfectionnement de cet outil d’avenir ? Pourquoi l’enseignement pratique et théorique de l’environnement BIM est-il devenu indispensable à la formation des ingénieurs IT ?

L’IT : le défi de l’innovation

Si l’ingénieur en informatique se distingue par son intérêt prononcé pour l’innovation, il se caractérise surtout par sa volonté d’actualiser en permanence ses connaissances afin d’être en phase avec les très rapides évolutions technologiques. L’exercice de la profession requiert une véritable polyvalence et une solide maîtrise des plus récents systèmes et outils numériques.

Les innovations apparues au cours de ces dernières années semblent concourir à un seul et même objectif : mettre la performance et la qualité au service des usagers. Le perfectionnement de l’IoT et des réseaux sans fil a permis d’accroître considérablement la précision et l’efficacité des technologies. Ces récentes avancées marquent un profond changement dans la manière de considérer la valeur des biens et des services : désormais, la qualité prime sur la quantité.

Dans l’ensemble des secteurs, la recherche de performance, la mise en œuvre de solutions durables, la prise en compte des besoins de l’usager et l’amélioration de l’expérience client sont au centre de toutes les préoccupations. Portée par la dynamique de ce nouveau système d’usages et de valeurs, l’utilisation du BIM se développe et se démocratise.

L’ingénieur IT au cœur du BIM

Le processus BIM repose sur une maquette 3D qui permet la centralisation de toutes les informations d’un projet de construction et de tous les outils nécessaires à sa réalisation.

L’un de ses atouts majeurs est sa capacité à centraliser les données sur le long terme ; le processus BIM dépend donc étroitement de la solidité et de l’exhaustivité de ces données. C’est pourquoi l’utilisation du BIM repose sur de nombreux prérequis techniques rendant indispensable l’intervention de l’ingénieur IT.

En effet, les données centralisées dans la maquette numérique sont collectées au moyen de capteurs et de réseaux sans fil suffisamment performants pour permettre une transmission de l’information et des actions en temps réel. C’est ensuite l’intégration du projet BIM au format IFC dans le Cloud qui permet la centralisation et le partage des données, la maquette numérique étant elle-même constamment enrichie par l’apport de logiciels spécialisés.

La mise en pratique du BIM relève donc directement de l’expertise de l’ingénieur IT, qui a notamment pour rôle de créer et de garantir les conditions optimales de cette collecte de données. En outre, il est important de noter que le processus BIM s’insère dans un vaste environnement technologique et numérique en perpétuelle évolution : son utilisation contribue à faire émerger un tout nouvel écosystème centré sur les besoins de l’usager et la prise en compte des grands enjeux sociétaux. La grande variété de ses champs d’application rend sa maîtrise indispensable aux professionnels des technologies de l’information.

À l’ère de la construction durable

Le recours au BIM se généralise dans le secteur du bâtiment qui s’emploie à apporter des solutions durables aux grands enjeux de la transition environnementale. Dans le cadre des projets de bâtiments et d’infrastructures, l’utilisation du BIM améliore considérablement la qualité des interventions, permet des gains substantiels de temps et d’argent et optimise la gestion énergétique. Principalement utilisé dans la planification, en phase de conception et de construction, le processus BIM est de plus en plus employé au cours de la phase de chantier et mis au service des opérations de maintenance. Désormais, grâce au développement et au perfectionnement des réseaux sans fil, les technologies s’installent au cœur des bâtiments existants afin d’améliorer leur exploitation.

Le BIM au service du Facility Management

Le recours au BIM en tant que mode de gestion se développe activement en France. Un nouveau projet porté par VINCI Facilities, la branche du groupe Vinci Energies dédiée au management et à la maintenance technique des bâtiments, vient de voir le jour : le nouveau campus du site Hélios, situé à Vélizy-Villacoublay, sera exploité à l’appui de cette nouvelle technologie. L’ambition du groupe est d’optimiser le Facility Management grâce aux nombreux avantages que présente la maquette numérique : gain de temps, précision et efficacité des interventions accrues, échanges facilités entre le constructeur, les occupants et l’exploitant. Synonyme de performance, le BIM apparaît incontestablement aux yeux des professionnels comme la promesse de nouvelles perspectives. En effet, selon David Ernest, Directeur Innovation & Energie de VINCI Facilities :

« Le BIM FM sera demain le cœur du système d’informations de l’exploitant. Interfacé avec les outils métiers existants (GMAO* et GTB**), il va permettre d’accroître l’efficacité opérationnelle et de proposer de nouveaux services aux clients dans des domaines aussi divers que la prise en compte du cycle de vie des installations ou l’optimisation de la gestion des espaces. »

* Gestion de Maintenance Assistée par Ordinateur ** Gestion Technique de Bâtiment

Le concept de bâtiment intelligent

Alors que le secteur immobilier vise à s’adapter aux nouveaux usages et aux nouveaux modes de consommation en opérant sa grande transition numérique, un modèle innovant de structure apparaît dans le parc immobilier français : le « Smart Building ». Ultra connecté et élaboré à partir de données numériques, le Smart Building se présente comme une plateforme de services qui prend pleinement en compte les besoins des usagers et répond aux exigences de la transition environnementale.

L’ensemble des infrastructures, des transports, des commerces, des bureaux tend aujourd’hui à être conçu sur le modèle de ce nouveau concept destiné à répondre aux enjeux de performance globale.

Depuis 2012, le développement de la filière du Smart Building est promu par l’association Smart Building Alliance qui rassemble plus de 400 entreprises du bâtiment et des acteurs de la domotique. L’organisation s’appuie sur la nécessaire prise en compte des grands enjeux environnementaux pour appeler à l’émergence d’un nouvel écosystème : il s’agit de repenser le bâtiment, et même le cadre urbain dans son ensemble, sur la base de ce nouveau modèle de services intelligents et de solutions durables.

L’outil de prédilection du Markéting

Enrichir la prise de décisions par des analyses approfondies, anticiper les évolutions, faciliter la circulation des informations, sont autant d’avantages que le modèle virtuel du BIM met au service de l’efficience. Cette nouvelle opportunité d’initier des actions toujours plus ciblées n’a pas échappé aux professionnels du markéting qui s’appuient déjà sur l’emploi de cette nouvelle technologie pour analyser les comportements des consommateurs.

En effet, combiné au wifi et à l’IoT, le BIM offre également de nouvelles solutions de géolocalisation et permet de s’appuyer sur un modèle phygital en temps réel. De nombreuses entreprises, à l’exemple de Sephora, Zara, Timberland ou Undiz, ont déjà adopté le phygital en digitalisant leurs points de vente. L’objectif de cette stratégie markéting est de rendre l’expérience client plus ludique et de générer davantage de passages en magasin. L’acte d’achat est favorisé par la création de nouveaux services : par exemple, un accès au catalogue des produits par la mise à disposition de tablettes tactiles ou encore la possibilité de sélectionner les produits en magasin en vue de les acheter en ligne. L’entreprise s’appuie également sur un continuum d’informations relatives au client en collectant ses données, non seulement en magasin mais aussi sur le Web, afin de lui proposer des offres et des services personnalisés.

Récemment, la marque Zara s’est distinguée en équipant l’une de ses boutiques de miroirs interactifs permettant aux clients d’essayer les vêtements en les superposant à leur reflet grâce à la réalité virtuelle (VR).

Le recours à de nombreux capteurs et les performances accrues des réseaux sans fil ouvrent désormais la possibilité d’étudier les déplacements des clients et d’optimiser l’utilisation des espaces. La manière de concevoir et de proposer des services se métamorphose par le recours à l’intelligence artificielle et aux modèles prédictifs : l’agencement et l’équipement des lieux de rassemblement s’appuient sur l’analyse des données en vue d’améliorer le confort des clients, d’identifier et même d’anticiper leurs besoins ! Dorénavant, l’aménagement des salles de spectacles, des espaces de travail, des salles de réunions, ou l’organisation de soirées promotionnelles, pourront être gérés en s’appuyant sur l’analyse des données.

La 5G : le BIM à la vitesse supérieure

Si le développement du BIM en tant que mode de gestion favorise l’apparition de nombreuses start-up proposant de nouveaux services et produits innovants, il semblerait qu’il soit voué à s’amplifier avec l’arrivée de la 5G. En effet, le réseau 5G va simplifier l’installation de capteurs au sein des structures existantes et améliorer de manière significative leurs performances : les nouveaux capteurs seront plus autonomes et capables de transmettre la data en permanence et à très haut débit. La massification des données et l’accélération de leur transmission ouvrent la voie à de nouvelles modalités de traitement en temps réel, permises par l’utilisation du Big Data et de l’intelligence artificielle. La possibilité d’échanger des téraoctets via le Cloud devrait accroître significativement les performances du BIM.

Dans le grand tournant numérique qui s’opère actuellement, le processus BIM occupe une place centrale : alors que de toute évidence il n’a pas encore déployé toutes ses capacités, sa maîtrise dessine dès à présent les contours de nouvelles opportunités professionnelles.