Hexagone propose une reconversion professionnelle aux femmes fragilisées par la vie

Le Figaro Étudiant
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L’école d’ingénieurs en informatique a conçu un programme dédié aux jeunes femmes souhaitant opérer une reconversion professionnelle dans les métiers du numérique. En remettant les compteurs à zéro, elles se voient offrir une seconde chance.

Le décrochage scolaire est souvent subi. Des accidents de la vie écartent du système d’enseignement traditionnel des profils pourtant prometteurs. « Une personne qui subit à 15 ans un problème familial ou le harcèlement scolaire ne doit pas en payer le prix toute sa vie professionnelle durant », estime Sébastien Dhérines, Président de l’École Hexagone.

École d’ingénieurs en informatique, l’École Hexagone entend offrir une possibilité de reconversion professionnelle aux jeunes femmes sorties trop tôt du système scolaire. « Depuis, elles alternent bien souvent les jobs alimentaires et les périodes de chômage sans réelle perspective de carrière », déplore Sébastien Dhérines. Quant aux dispositifs de solidarité nationale (Pôle emploi, RSA), ils ne leur permettent pas de sortir durablement de leur situation.

L’École Hexagone leur donne une seconde chance en leur proposant d’intégrer son cursus de formation en 5 ans. « En reprenant les fondamentaux de zéro, la première année du cycle préparatoire permet d’assurer une remise à niveau complète », poursuit Sébastien Dhérines.

Avec des classes comprenant au maximum 18 étudiants, les intervenants de l’École Hexagone sont capables de personnaliser leur contenu. « Ils proposent un accompagnement sur-mesure pour pallier, par exemple, à d’éventuelles difficultés en mathématiques, sans pour autant assouplir leur système de notation. Ce qui dévaluerait leur mérite. »

Au bout de quelques mois, ces jeunes femmes raccrochent les wagons, se réjouit Sébastien Dhérines. L’écart avec les étudiants qui ont suivi une voie plus “classique” est gommé. Quand elles entrent ensuite en alternance, les entreprises ne font pas de différences.

Le Président de l’École cite l’exemple d’une étudiante bénéficiant du programme, qui a arrêté son parcours après une Première Littéraire, et qui se retrouve aujourd’hui 2ème de sa promotion et s’oriente vers un cursus Cyberdéfense particulièrement exigeant.

Une plus-value pour les entreprises

Les futures diplômées présentent plusieurs atouts en termes d’insertion professionnelle. En accueillant ces profils atypiques, les entreprises diversifieront leurs équipes en IT. « Aguerries par la vie, ces jeunes femmes font preuve de davantage de maturité et d’ouverture d’esprit, constate Sébastien Dhérines. Déjà salariées par le passé, elles savent évoluer dans le monde du travail, avec une organisation et des horaires cadrés. ».

Ces reconversions professionnelles permettent, par ailleurs, de féminiser une population informatique composée majoritairement d’hommes issus des mêmes écoles d’ingénieurs. Une entreprise renforce ainsi sa politique en faveur de la diversité et l’inclusion, dans le cadre plus général d’une stratégie de responsabilité sociétale des entreprises (RSE).

L’admission au sein de l’École d’Hexagone repose sur des tests et un entretien. « Le seul principal prérequis pour faire de l’informatique est d’avoir un esprit logique, rappelle Sébastien Dhérines. Revenir sur les bancs de l’école qu’elles ont quittés il y a quelques années suppose également une motivation à toute épreuve. C’est un engagement sur la durée. ».

Les heureuses élues vont, en effet, suivre un véritable programme de réinsertion professionnelle. L’établissement d’enseignement supérieur leur propose un cursus de 3 400 heures de formation sur 5 années. Un parcours qui ne pourrait être comparé avec les stages intensifs au développement de quelques mois (bootcamps) dispensés par des écoles de code par exemple.

Pour faciliter l’accueil de ces jeunes femmes, l’École Hexagone réduit les frais annuels de scolarité de 8 000 à 2 000 euros durant le cycle préparatoire, et met en place un paiement échelonné. Ensuite, une fois entrées dans le cycle ingénierie, elles pourront devenir alternantes. Les frais de scolarité seront alors pris en charge par l’entreprise qui les accueille et elles percevront une rémunération équivalente à environ 80 % SMIC (ou 100% du SMIC pour les personnes de plus de 26 ans).

C’était souvent le salaire qu’elles touchaient en multipliant les contrats précaires à temps partiel, compare Sébastien Dhérines. À la différence près, qu’elles suivent en plus une formation qui leur permettra de voir le bout du tunnel. C’est un accompagnement vers l’autonomie. L’objectif est de sortir durablement ces personnes de la précarité.